Savoir chez qui on va, connaître ceux qui vous accueillent
Pensão Mionga, le bâtiment dans sa verdure
Pensão Mionga au fond de son jardin
Pensão Mionga, sur le balcon
UNE PETITE PENSION FAMILIALE AU BORD DE L’EAU
Nelito, propriétaire de la Pension Mionga, est d’abord sculpteur et peintre. Passionné de cuisine, il s’est formé chez le grand chef João Carlos Silva (de la Roça São João). Puis, il s’est installé à son compte, créant son restaurant gastronomique à la sortie de la petite bourgade de São João dos Angolares. A ce restaurant vite réputé, il a adjoint, dans un délicieux jardin dominant l’embouchure du fleuve et la mer, quatre chambres très simples pour accueillir ses hôtes dans un corps de bâtiments mêlant murs de pierres de taille et parois en bois : une single, deux chambres avec lit à deux places, et une chambre « familiale » pour 3 personnes (1 grand lit, 1 petit lit), toutes avec salle de bain (eau froide seulement),
Le niveau de confort des chambres s’est amélioré récemment, Nelito a tenu compte de certaines observations de ses hôtes : il y a des portants garnis de cintres pour suspendre ses vêtements, des chaises dans les chambres, une table basse dans les plus grandes. Il a aussi tenté de remédier au problème des coupures d’eau récurrentes du réseau public (la population de São João a beaucoup augmenté, le nombre de familles disposant de l’eau courante aussi, et les autorités n’ont pas encore amélioré le captage des ressource) : depuis 2021, Nelito a doté sa pension d’un imposant réservoir de 6000 litres qui permet de ne plus avoir de coupures et de disposer d’une pression raisonnable. Dernière amélioration en date : depuis le 1er août 2022, installation de chauffe-eau, toutes les salles de bain disposent d’eau chaude pour la douche.
Wifi : accès gratuit. Groupe électrogène pour les cas de coupure de courant.
Nelito continue son œuvre d’artiste, on peut admirer ses sculptures dans une salle attenante au restaurant.
Même s’il est aidé dans la tenue de la pension par son épouse, Quela, et par un personnel sympathique et attentionné, notamment le jeune Edgar, responsable du service restaurant, Nelito est un homme très occupé. Il trouvera certainement le temps de converser avec vous, mais, à son grand regret, il ne pourra pas vous accompagner dans vos sorties. La personne qui vous servira de guide dans la région, c’est Tik, par ailleurs peintre en bâtiment ; Tik sera parfois secondé par le jeune Carolino, dont la profession principale est d’être producteur de vin de palme (profitez-en pour demander une démonstration dans une plantation de palmiers, et une dégustation). Les deux sont de bons connaisseurs des sentiers qui permettent de sillonner les environs, ainsi que de la culture angolar (le peuple de pêcheurs dont São João est la petite capitale).
Tik et Carolino parlent portugais (et le dialecte local angolar). Pour traduire en français tout ce qu’ils ont d’intéressant à raconter sur leur société, il y a Gil, professeur de français au collège.
Le séjour dans cette pension familiale vaut par ses savoureux repas, d’une qualité exceptionnelle (voir notre chapitre « Plaisirs de la gastronomie ») ; et pour son site face à l’Océan et à la rivière São João – attention toutefois, la proximité du cours d’eau et de la mangrove qui le borde, comporte une conséquence fâcheuse : lors des dîners et soirées dans le restaurant en plein air, protégez-vous des « megas », variété de tout petits moustiques qu’on n’arrive ni à voir ni à entendre, mais qui, la nuit, adorent vous piquer aux chevilles et aux jambes ; portez des pantalons longs, utilisez un bon répulsif. Pas de problème le jour, les megas restent au lit dans les feuilles de bananiers. Et, la nuit, une fois dans votre chambre, blotti à l’abri des moustiquaires, laissez-vous bercer par le calme du bruit des grosses vagues de la mer toute proche et le chant des grillons du jardin.
Les prix : 25 € la nuit pour une personne, 35 € pour deux, 50 € la chambre triple, dans chaque cas petit déjeuner inclus (prix TTC). Le repas de midi ou du soir (gastronomique et extrêmement copieux) pour 12 € (300 Dobras) ; réduction si l’on ne prend que le plat de résistance.
Contact, réservations : nelito.mionga.angolares@gmail.com Tél. : (00 239) 992 23 16.
Mionga, les 2 restaurants
Salle de restaurant principale
Les oeuvres de Nelito
Plage de S. João dos Angolares vue de Pensão Mionga
Pensão Mionga vue de la plage
La mangrove derrière pension Mionga
Vue sur S. João dos Angolares depuis le PP CA 01
Roça São João, vue sur la baie
Maisons colorées de São João dos Angolares
SÃO JOÃO DOS ANGOLARES
Les Angolares sont les descendants d’esclaves insoumis réfugiés dans le sud de l’île, zone sur laquelle les Portugais n’exerçaient plus de contrôle aux 17è et 18è siècles. Une vieille légende dit qu’ils sont descendants d’esclaves ayant survécu au naufrage, au 16ème siècle, d’un navire négrier venu d’Angola, échoué sur les dangereux récifs des Sete Pedras (que vous pourrez voir de la côte). Soumis en 1878 par une brève démonstration de force militaire, ils gardent le souvenir de leur dernier roi, Simão Andreza, qui a tenté de les protéger contre les exactions du colonisateur. Ils n’en ont pas moins été expulsés de leurs terres et condamnés par les Portugais à vivre dans des baraquements sur les plages de l’île ; ces agriculteurs forestiers sont devenus pêcheurs, tolérés par les autorités parce qu’ils fournissaient aux roças du poisson à bas prix pour alimenter la main d’œuvre des plantations, mais constituant une caste de parias en marge de la société insulaire.
Véritables nomades de la mer, ils ont émigré sur toutes les côtes de l’île de Sao Tomé. Mais le seul district où ils soient majoritaires est celui de Caué, dont São João dos Angolares est le chef-lieu. L’intégration sociale de cette communauté au sein de la nation santoméenne a été une des réussites dont peut s’enorgueillir le pays depuis qu’il est indépendant. Des différences culturelles subsistent, mais nul ne peut dire que les Angolares sont des citoyens de seconde zone. Les mariages inter-communautares n’étonnent plus personne, alors qu’ils étaient très rares il y a encore 25 ans.
De ce passé, nos amis Gil et Tik seront heureux de vous parler, si vous le souhaitez au cours de votre séjour à S. João. La petite bourgade, considérée il y encore à peine plus d’une génération, comme un des lieux les plus pauvres de l’île, est devenue presque pimpante, avec ses maisons colorées, quelques rues pavées, un marché et des bâtiments publics remis en état et relativement soignés. Elle jouit d’un site admirable, avec ses montagnes abruptes (souvent ennuagées) dominant la baie de Santa Cruz et l’estuaire du rio São João qui fraye son chemin dans une végétation de mangrove jusqu’à une longue plage de sable noir.
QUE FAIRE À SÃO JOÃO DOS ANGOLARES ?
QUE FAIRE À SÃO JOÃO DOS ANGOLARES ?
- Profiter de la plage : une langue de sable noir entre mer et rivière, bordée de cocotiers et de badamiers. Rouleaux du côté mer, eau calme du côté rivière. Joie de prendre au réveil, avant même le copieux petit déjeuner, un bain dans la rivière directement depuis le jardin de Pensão Mionga.
- Une courte promenade en barque, ou, maintenant, en radeau, sur le rio São João (moins d’une heure) ; l’embarcation accoste dans le jardin de la pension ; un petit parcours au milieu d’une superbe végétation de mangrove miniature.
- De bons repas. Il semble que S. João dos Angolares soit la capitale de la gastronomie santoméenne. Non seulement Pensão Mionga offre des repas de très haute qualité (et très copieux), avec notamment des entrées aux saveurs recherchées, mais vous pouvez aussi aller déjeuner un jour à la Roça São João, à l’autre bout de la bourgade : menu à 26 € célébré comme une liturgie de dégustation, qui attire des touristes de plusieurs continents. Vous pourrez aussi manger une cuisine familiale de bon aloi (poisson grillé, riz et bananes plantain) à bas prix dans le restaurant populaire du centre paroissial catholique au centre de la bourgade.
- Visiter la Roça São João. Que vous profitiez ou non de la cuisine raffinée qu’on y sert, il est intéressant d’y faire un tour, pour la vue sur la baie, pour la décoration des salons, pour les œuvres d’art exposées, pour la visite guidée de l’exploitation agricole (cacao, café Robusta, fruits et légumes, bétail et animaux de basse-cour).
- Randonner. Deux chemins balisés partent de S. João : le PP CA 01, qui va de la plage à l’embouchure du Io Grande en passant par la roça Fraternidade ; le PP CA 03, qui part de la route nationale en direction du sud et mène au pont sur le Io Grande en passant par la roça Soledade. On peut combiner les deux parcours pour faire une longue balade d’environ 5 heures ; ou une boucle plus courte (2h30) en prenant le PP CA 04, qui relie les roças Soledade et Fraternidade par un chemin de crête ; mais en ce cas, vous n’avez pas accès au Io Grande. Le Io Grande, principal cours d’eau de l’île, vaut le coup d’œil, avec ses eaux vertes dans une végétation d’arbres majestueux. Son estuaire, selon certains voyageurs, ne serait pas sans évoquer les bayous de Louisiane. On peut s’y baigner (plage de sable noir entre mer et fleuve). Il existe d’autres randonnées possibles, non signalisées, où pourront vous emmener Tik et Carolino.
- Pêcher à la ligne dans le rio Sao João, ou, mieux, dans le Io Grande. Peut-être arriverez-vous à attraper des charocos, savoureux poisson d’eau douce que vous demanderez au cuisinier de Pensão Mionga d’accommoder. Demandez aux enfants comment faire, avec un morceau de bambou, une ficelle et une épingle. Et, comme tout pêcheur à la ligne, soyez patient !
- Une excursion intéressante : Praia Pesqueira et sa cascade (parcours fléché PP CA 02, description sur le site saotome-principe-trekking.com), puis, 1 km plus loin, Ribeira Peixe (ruines d’une grande roça) et la vue du Pico do Cão Grande (le Pic du Grand Chien), curieuse dent basaltique qui domine de ses 665 mètres la plaine environnante transformée en mer de palmiers à huile. Mais Praia Pesqueira se trouve à 10 km de S. João ; si vous n’êtes pas motorisé, demandez à un moto-taxi de vous y conduire. Impossible de compter sur les minibus qui font le trajet entre la capitale et Porto Alegre et sont censés faire halte en chemin à S. João dos Angolares et Ribeira Peixe, ils sont le plus souvent complets et ne s’arrêtent même pas. Votre hôte pourra aussi vous trouver un véhicule qui fera le taxi. Prix à débattre.
Fêtes locales traditionnelles : São João dos Angolares en compte deux, particulièrement réputées pour l’intensité de l’ambiance de son spectacle de ballet de Danço Congo : celle de Santa Maria a lieu à la mi-mai, celle de la Sainte Croix (la ville est bâtie au fond de la baie de Santa Cruz), le 3ème weekend de septembre.
Autre fête intéressante : le 4 janvier, commémoration du Roi Amador (ce meneur d’esclaves révoltés qui faillit venir à bout de l’esclavage portugais en 1595, et dont les fidèles, réfugiés dans le sud de l’île après son arrestation et son supplice, sont pour une large part à l’origine de la communauté Angolar). Les festivités de ce jour sont patronnées par la Pension Mionga.