Praia Cabana
Praia dos Tamarindos
Praia Muteca
On peut évoquer bien des raisons de se rendre à Sao Tomé et Principe. Ne commettez pas d’erreur et n’y allez pas pour des motifs peu fondés, vous seriez déçu. Non, ce n’est pas le pays du soleil à tout instant : sous l’Equateur, la nébulosité est fréquente. Non, ce ne sont pas des atolls avec lagon, coraux et longues plages de sable blanc : certaines plages ont été très abimées par le pillage du sable, utilisé pour la construction, et par la pollution aux matières plastiques ; celles qui sont fréquentables sont de petites criques, l’étendue de sable entre mer et cocotiers n’est pas large. Non, le tourisme sexuel, même s’il commence à se répandre, n’y est pas bienvenu (quand bien même les jeunes filles prennent des airs délurés, le pays est très marqué par 500 ans de catholicisme à la portugaise).
Mais ce qui fait qu’on aime ce pays, c’est l’extraordinaire beauté des paysages, la proximité de la montagne avec la mer, les intéressants monuments hérités de la période coloniale (notamment les maisons de maître des « roças », nom donné dans l’archipel aux plantations, comme les fazendas au Brésil ou les haciendas au Mexique) ; et la très grande gentillesse des habitants, leur sens de la fête, une gastronomie créole souvent raffinée et toujours extrêmement saine, une culture métisse d’une profonde originalité aux racines africaines et ibériques, et surtout LA VIE LEVE-LEVE.
« Leve-leve » est une expression locale, en portugais elle signifie « léger-léger ». A Sao Tomé et Principe, on l’emploie à tout instant. « Como está ? » (en portugais : Comment ça va ?). Réponse : « Leve-leve ». L’attitude leve-leve implique de prendre la vie du bon côté, de ne rien prendre trop au sérieux, d’être de bonne humeur et prêt à rire de tout (un rire souvent moqueur et plein d’auto-dérision), et surtout, surtout, de ne jamais se stresser.
culture en terrasses, randonnée PP MZ 03
Cantagalo, montagnes
Pont sur les gorges du rio Mé-Zochi
Roça Saudade (850m d'altitude), vue sur la mer
Roça Bela Vista, Santo Amaro
A Sao Tomé et Principe, on a le sens de la fête. Durant les deux saisons sèches (la gravana, de fin mai à mi-septembre, et la gravaninha, en janvier et février), chaque paroisse, chaque village, organise « sa » fête ; occasion de resserrer les liens entre voisins et de faire connaître son quartier aux visiteurs venus de la ville et des autres villages. Orchestres, petites baraques où l’on déguste poissons grillés et brochettes d’escargots avec chips de banane, le tout généreusement arrosé de bière ou de vin de palme, repas (payants) chez les particuliers qui ouvrent leur maison pour la circonstance ; procession religieuse colorée le dimanche après la messe ; et, dans les lieux qui ont le plus gardé la tradition de ce genre d’événement, spectacles de rue : le Tchiloli, théâtre aux postures hiératiques et aux acteurs masqués, qui est l’adaptation locale d’une pièce portugaise du 16ème siècle contant l’histoire d’un crime passionnel commis à la cour de Charlemagne (oui, l’empereur des Francs à la barbe fleurie !) ; le Danço Congo, ballet frénétique dont l’argument développe le mélange d’attirance, de peur et de répulsion que les êtres humains éprouvent pour le diable et le sorcier ; la Dança do Cassete, art martial qui ressemble à la capoeira brésilienne, mais où les danseurs se livrent combat avec de longs bâtons ; la Puita, danse de groupe qui serait à l’origine de la samba brésilienne ; le Bulawé, autre danse populaire très appréciée du public. Sans oublier, bien sûr, le bal du samedi soir qui mêle toutes les classes sociales et tous les âges, des gentils couples du troisième âge tournoyant collés-serrés, jusqu’aux ados coiffés en crête de coq, en passant par le monsieur de la ville en costume, chemise blanche et souliers vernis venu se ressourcer à ses racines paysannes.
Enfin, il faut mentionner un spectacle de rue spécifique à l’île de Principe : l’Auto de Floripes. Le 15 août, chaque année, la petite ville de Santo Antonio résonne du fracas des armes de bois entrechoquées des acteurs et figurants en costumes de cette pièce de théâtre (du 16ème siècle) et des percussions musicales qui les accompagnent. L’histoire raconte la guerre entre les paladins chrétiens de l’empereur Charlemagne (encore lui !) et les Mores du Sultan, que l’empereur veut convertir ; guerre sainte à laquelle se mêle une histoire d’amour, puisque la belle Floripes, fille du Sultan, s’éprend du chevalier Guy de Bourgogne, le délivre et s’enfuit avec lui à la cour de Charlemagne. Outre les dizaines d’acteurs impliqués, c’est toute la population de la ville qui participe à l’événement, enfants et adultes se mêlant aux combattants, grignotant des brochettes et buvant des bières aux marches des palais en bambou et branches de palmier de Charlemagne ou du Sultan, construits pour l’occasion ; tandis que les bobos, des hommes masqués montés sur des échasses, sont chargés de rétablir l’ordre quand les espiègles enfants du public gênent par leurs facéties le jeu des acteurs.
Ajoutons à ces fêtes locales :
- Le Banho Santo du Jour de l’An : les trois premiers jours de janvier, tous les habitants ont coutume d’aller à la plage « laver l’année », toute la famille barbotant dans la mer pour se débarrasser des petits péchés et des mauvais souvenirs de l’année précédente afin d’affronter bien propre l’année nouvelle ; cette cérémonie lustrale s’accompagne de pique-nique pantagruélique et de musique déversée à flots par tous les moyens appropriés ; effet collatéral dommageable : les plages proches de la capitale restent souillées de canettes de bière et de détritus divers presque tout le mois de janvier…
- Le Carnaval du Mardi-gras, avec masques et défilés
- La Fête de l’indépendance, le 12 juillet : feu d’artifice et bals de rue dès le 11 au soir ; dans la journée du 12, cérémonies officielles, mais aussi musique et spectacles de rue
- La Festa do Mato (la Fête de la Brousse), festival au succès grandissant qui attire trois fois par an (en juin, en juillet et en août) de 1000 à 2000 personnes dans un petit bois à l’orée de la ville de Trindade pour y danser toute la nuit sous les arbres au son de musiques alternant électro, afro-beat, kizomba et autres World Music
- la Feira do Qua-Quâ (la Foire au poisson-volant), en juin à Belém
- le Jour du Roi Amador, le 4 janvier à São João dos Angolares, célébrant le souvenir de ce leader d’une fameuse révolte d’esclaves survenue en 1595, qui serait à l’origine du peuple Angolar, un des groupes ethniques de l’île de Sao Tomé
- et tant d’autres occasions de danser, boire et manger en écoutant de la musique.
Assister à ces fêtes au milieu d’un public à 99% santoméen, est une expérience inoubliable